lundi

Foi & Raison

Quelques sujets à méditer sur l'alliance de la Foi et de la Raison.
Questions fondamentales pour un chemin de bonheur


Encyclique Foi et Raison (Fides et Ratio) - Jean-Paul II


Trois textes importants :

1 - Discours à l'Université Sapienza de Rome
2 - Benoît XVI - La rationalité de la Foi
3 - Trois chemins vers Dieu
 



Science et Foi sont-elles incompatibles ?

Monique Combescure - Chercheur scientifique, émerveillement et spiritualité

Science et Foi : Les mathématiques - Emission

Le père du Big-Bang - Emission


Blaise Pascal - Emission



Entretien avec Jean-Luc Marion
Elu au 4ème fauteuil de l'Académie française, une place précédemment occupée par le cardinal Jean-Marie Lustiger. La philosophie fait son grand retour quai Conti avec une oeuvre originale teintée de théologie. Entre Chicago et la Sorbonne où il enseigne, Jean-Luc Marion a accepté de faire escale sur le plateau de Régis Burnet, pour une Foi prise au mot exceptionnelle.
mot exceptionnelle.
Hans Urs von Balthasar - Emission
Né à Lucerne le 12 août 1905 et mort à Bâle le 26 juin 1988, Hans Urs von Balthasar est un théologien catholique suisse, de langue allemande. Les cardinaux Henri de Lubac et Joseph Ratzinger voyaient en lui « l'homme le plus cultivé du XXe siècle ». En 1984, Jean-Paul II remet à Balthasar le prix Paul VI pour l'ensemble de son oeuvre théologique et l'élève à la dignité de cardinal en mai 1988, un mois avant sa mort. Quel est donc cet homme qui récusait pour lui le titre de théologien ? Pourquoi Balthasar est si méconnu en France et qu'a-t-il apporté au monde ? Le philosophe Jean-Luc Marion, disciple de cette grande figure du vingtième siècle, et le père Vincent Holzer, lazariste et auteur de plusieurs ouvrages sur Balthasar seront présents sur ce plateau pour nous instruire sur la pensée de cet homme hors-du-commun.

Interview d'Hans Urs von Balthasar


La raison et la Foi - Descartes


Foi et raison

Entre une raison qui, conformément à la nature que Dieu lui a conférée, est ordonnée à la vérité et est capable de connaître le vrai, et une foi qui se réfère à la source divine même de toute vérité, il ne saurait surgir aucun conflit de fond. La foi confirme même les droits propres de la raison humaine. Elle la présuppose. Effectivement, son acceptation suppose une liberté qui n'appartient en propre qu'à un être raisonnable. Mais il n'en apparaît pas moins que raison et foi relèvent de deux ordres différents de connaissance, qui ne sont pas superposables. Mais il apparaît en plus que la raison ne peut tout par elle-même elle est finie. Elle doit se concrétiser en une multiplicité de connaissances partielles, s'expliciter en une pluralité de sciences singulières. Elle ne peut atteindre l'unité qui relie le monde et la vérité à leur origine qu'à l'intérieur de modes partiels de connaissance, par essais limités qui ne peuvent atteindre l'unité complexe de la vérité que dans la diversité, autrement dit à l'intérieur de l'entrecroisement de connaissances ouvertes et complémentaires.

Les « sages » et les « intelligents » se sont formé leur vision de Dieu et du monde et ne sont pas disposés à la changer. Ils croient tout savoir de Dieu, posséder la vérité complète et n'avoir plus rien à apprendre. C'est pourquoi ils réfutent la « Bonne Nouvelle » qui leur semble plaquée et en contradiction avec les repères de leur « vision du monde ». Cette Bonne Nouvelle leur propose certains bouleversements paradoxaux que leur « bon sens » ne peut accepter. Ce qui se passait au temps de Jésus se reproduit encore aujourd'hui, et peut-être même de façon toute particulière. Nous vivons dans une culture qui soumet tout à l'analyse critique, souvent en absolutisant des critères partiels et par nature inaptes à la perception de ce monde de réalités et de valeurs qui échappe au contrôle des sens. Le Christ ne demande pas à l'homme de renoncer à sa raison propre. Et comment le pourrait-il, lui qui la lui a lui-même donnée ? Ce qu'il lui demande, c'est de ne pas céder à la vieille suggestion du tentateur, celle par laquelle celui-ci continue à le bercer de l'illusion trompeuse qu'il pourrait être « comme Dieu » (Gn 3, 5). Seul celui qui accepte ses limites intellectuelles et morales en reconnaissant qu'il a besoin de salut peut se rouvrir à la foi, et, dans la foi, rencontrer le Christ, son rédempteur ».

Le cas Galilée : science et foi

À partir du siècle des Lumières et jusqu'à nos jours, le cas Galilée a constitué une sorte de mythe, dans lequel l'image que l'on s'était forgée des événements était passablement éloignée de la réalité. Dans cette perspective, le cas Galilée était le symbole du prétendu refus par l'Église du progrès scientifique, ou bien de l'obscurantisme « dogmatique » opposé à la libre recherche de la vérité. Ce mythe a joué un rôle culturel considérable ; il a contribué à ancrer de nombreux scientifiques de bonne foi dans l'idée qu'il existait une incompatibilité entre, d'un côté, l'esprit de la science et son éthique de recherche, et, de l'autre, la foi chrétienne. Une tragique incompréhension réciproque a été interprétée comme le reflet d'une opposition constitutive entre science et foi. Les élucidations apportées par les récentes études historiques nous permettent d'affirmer que ce douloureux malentendu appartient désormais au passé. Galilée, qui a pratiquement inventé la méthode expérimentale, avait compris, grâce à son intuition de physicien de génie et en s'appuyant sur divers arguments, pourquoi seul le soleil pouvait avoir fonction de centre du monde, tel qu'il était alors connu, c'est-à-dire comme système planétaire. L'erreur des théologiens d'alors, quand ils soutenaient la centralité de la terre, fut de penser que notre connaissance de la structure du monde physique était, d'une certaine manière, imposée par le sens littéral de l'Écriture Sainte. Rappelons-nous le mot célèbre attribué à Baronius : « Spiritui Sancto mentem fuisse nos docere quomodo ad coelum eatur, non quomodo coelum gradiatur » (« L'Esprit Saint a voulu nous enseigner comment aller au ciel, non pas comment le ciel fonctionne »). En réalité, l'Écriture ne s'occupe pas des détails du monde physique, dont la connaissance est confiée à l'expérience et au raisonnement humains. Il existe deux domaines du savoir, celui qui a sa source dans la Révélation et celui que la raison peut découvrir par ses seules forces. À ce dernier appartiennent notamment les sciences expérimentales et la philosophie. La distinction entre les deux domaines du savoir ne doit pas être comprise comme une opposition. Les deux domaines ne sont pas purement extérieurs l'un à l'autre, ils ont des points de rencontre. Les méthodologies propres à chacun permettent de mettre en évidence des aspects différents de la réalité.

Le refus de la Vérité

L'abandon de Dieu, le mystère d'iniquité, pour reprendre les paroles de saint Paul dans une de ses épîtres, a une structure intérieure, une logique dynamique bien définie « [...] Il faudra qu'apparaisse l'homme impie […], celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu » (2 Th 2, 3-4). Nous trouvons également ici une structure interne de la négation, de ce déracinement de Dieu du cœur de l'homme et de l'abandon de Dieu par la société humaine, ceci en vue d'« humaniser » l'homme, comme on le dit, autrement dit de le rendre humain au sens plein du terme, d'une certaine manière de le mettre à la place de Dieu, de le « déifier ». Comme on le voit, cette structure est fort ancienne et remonte même à l'origine, ainsi que le dit le tout début de la Genèse quand elle décrit la tentation de conférer la « divinité » à ce qui n'est qu'image et ressemblance même du créateur, donc d'affirmer sa divinisation contre Dieu et sans lui, ainsi que le répètent les affirmations athées de nombre de systèmes actuels de pensée. Celui qui réfute la vérité fondamentale de la réalité et qui se prend lui-même à tel point pour la mesure de toute chose qu'il en prend la place de Dieu, qui, plus ou moins consciemment, s'imagine pouvoir se passer de Dieu, Créateur du monde, ou du Christ, Rédempteur de l'humanité; celui qui, au lieu de chercher Dieu, se met à la suite des idoles, tournera toujours le dos à l'unique vérité, suprême et fondamentale. 




La science face au miracle
Réflexions d'un médecin, expert pour les causes des saints

« Comme croyant et comme homme de science, moi aussi je suis convaincu qu’au plan d’une pensée rationnelle, un acte de foi vis-à-vis du Créateur est beaucoup plus logique », déclare le Prof. Carlo Jovine : « Galilée, Isaac Newton, Albert Einstein… sont d’accord sur le fait que dans notre univers il existe une mystérieuse cohésion, le projet cohérent d’une intelligence supérieure, et croire au hasard de ce qui nous entoure serait en contradiction avec l’objectivité de la science elle-même ».


Le Prof. Carlo Jovine est médecin-chef de l’Ordre de Malte, spécialisteen neurologie et expert officiel de la Congrégation pour les causes des saints. Il est intervenu au cours d'un congrès intitulé: « Jean Paul II, un parcours de sainteté », qui a eu lieu à Rome le 27 mars, avec la participation du cardinal Camillo Ruini, du père Boguslaw Turek, de Mgr Slawomir Oder, postulateur de la cause de canonisation de Jean-Paul II. Voici un extrait de cette intervention.


« Nous tous qui avons été témoins de la vie et de l’œuvre de Jean Paul II durant les longues années de son pontificat, nous avons pu observer la grandeur de l’homme, du religieux, du pape.

J’ai eu le grand honneur d’être nommé, par la congrégation pour les causes des Saints, à la Consulta médicale de sept spécialistes qui, établissant le « caractère inexplicable scientifique » de la guérison de sœur Marie Simon-Pierre Normand de la maladie de Parkinson, a posé les prémisses pour la béatification de Jean Paul II.

Sans entrer dans les détails de l’extraordinaire guérison que j’ai eu l’opportunité d’examiner en tant que membre de la Consulta médicale, je voudrais mettre en évidence les implications qui en découlent sur le rapport entre la science et la foi. Un rapport que Jean Paul lui-même contribua à approfondir et clarifier, en  apportant sa participation à la réflexion théologique et à la pensée philosophique moderne.

Le physicien italien Antonino Zichichi, dans un de ses livres, définit Jean Paul II comme « le pape qui aimait la Science », rappelant, entre autres, son encouragement au « Manifeste d’Erice » (1982) pour une science à visage humain et la demande symbolique de pardon à Galilée pour le procès porté contre lui par l’Eglise en 1633.

Une orientation – celle de Jean Paul II – exprimée dans la célèbre encyclique Fides et Ratio, par cette très belle métaphore d’introduction des deux ailes: « La foi et la raison sont comme les deux ailes avec lesquelles l’esprit humain s’élève vers la contemplation de la vérité ».

Dans l’enseignement de Jean Paul II, la foi et la raison ne s’excluent pas, au contraire, elles se complètent et se soutiennent mutuellement. L’intelligence humaine ne se limite pas à un domaine purement empirique, mais est en mesure de passer de l’expérience du réel à des formes de connaissance qui transcendent l’ordre sensible des choses.

Dans la coupole de la basilique Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyrs à Rome est inscrite une célèbre phrase de Jean Paul II: « La science a des racines dans l’Immanent, mais conduit l’homme vers le Transcendant ». Et toujours dans Fides et Ratio il écrit: « Un grand défi qui se présente à nous est de savoir accomplir le passage, aussi nécessaire qu'urgent, du phénomène au fondement ». Par ces mots le grand pape reconnaît à l’intellect humain la capacité de tendre vers la connaissance de Dieu.

Comme explique le Prof. Zichichi, il est fondamental que ces deux concepts soient diffusés le plus possible, pour s’opposer aux faux théorèmes de la culture dominante. La Science est une source de valeurs qui, en harmonie avec les valeurs de la Foi, pourront améliorer la qualité de vie de l’homme, éliminant les nombreuses aberrations de l’époque contemporaine.

En suivant un fil purement rationnel, nous pouvons dire que « faire de la science » c’est comprendre la logique de la nature, c’est découvrir qu’il existe des lois fondamentales qui règlent chaque phénomène : de l’univers des quarks à notre terre avec les forêts et les océans, des planètes aux étoiles, à tout le cosmos…

L’ensemble de ces lois représente la logique qui gouverne le monde. Une logique dont dépend notre vie. Il nous vient alors de nous demander : existe-t-il un Créateur de cette logique ? Le croyant dit oui, combinant ensemble la foi et la raison. L’athéisme répond non. Mais il ne sait pas expliquer ce « non ». Il n’arrive pas à ce « non » par acte de raison mais paradoxalement par acte de foi seulement. Mais croire en ce « non » veut dire n’avoir foi en rien : ce qui est un contresens logique.

Personnellement, d’un point de vue scientifique, je partage la vision du Prof. Zichichi, qui dit: « La science est fruit d’une formidable rigueur logique et mathématique, qui trouve dans la nature la comparaison directe avec l’œuvre du Créateur ».

Comme croyant et comme homme de science, moi aussi je suis convaincu qu’au plan d’une pensée rationnelle, un acte de foi vis-à-vis du Créateur est beaucoup plus logique. En valorisant la capacité de la raison – comme explique le pape Wojtyla – à partir du phénomène pour arriver au fondement, à accomplir le parcours de l’Immanent au Transcendant, en saisissant le sens et la portée de la notion de Dieu. Laquelle ne dissout par le Mystère mais révèle son intime nature: non pas déjà une limite, mais plutôt une forme de respect pour notre liberté, à laquelle Dieu ne s’impose pas, mais se propose pour être cherché et étreint dans le geste éclairant de la Foi.

Pour démentir le prétendu antagonisme entre la Foi et la Science – un concept, hélas, encore très répandu dans la culture de masse, et qui exerce une influence délétère sur notre vision du monde – nous pouvons citer la pensée de quelques grands scientifiques. Galilée, Isaac Newton, Albert Einstein, Max Plank, Wernher von Braun, sont d’accord sur le fait que dans notre univers il existe une mystérieuse cohésion, le projet cohérent d’une intelligence supérieure, et croire au hasard de ce qui nous entoure serait en contradiction avec l’objectivité de la science elle-même.

La pensée de ces grands scientifiques qui, dans le développement de leurs recherches, ont compris et senti qu’il y a un ordre si précieux qu’il serait irrationnel de l’attribuer au hasard, est la preuve de ce qu’affirme Jean Paul II dans la partie finale de Fides et Ratio: « Le scientifique a bien conscience que la quête de la vérité, même si elle concerne la réalité finie du monde ou de l'homme, est sans fin, mais renvoie toujours à quelque chose de plus élevé que l'objet d'étude immédiat, vers des questions qui donnent accès au Mystère ».


Et nous hommes qui « taillons avec la lame du passé l’espace du grand Mystère » – comme l’écrit Jean Paul II dans un de ses poèmes – nous devons faire nôtre l’enseignement selon lequel la Science et la Foi sont les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever, et la Raison est l’outil qui nous permet, à nous êtres dotés d’intellect, de parcourir humblement la route qui porte du Phénomène au Fondement, de l’Immanent au Transcendant. »