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Benoît XVI dénonce les sociétés modernes sans Dieu

Le pape Benoît XVI a dénoncé en 2008  "une certaine culture moderne" qui proclame la mort de Dieu et conduit les nations à perdre leur identité. "Des nations un temps riches de foi et de vocations perdent désormais leur identité propre, sous l'influence délétère et destructrice d'une certaine culture moderne".

"On voit celui qui, ayant décidé que 'Dieu est mort', se déclare 'Dieu' lui-même et se considère l'unique artisan de son propre destin, le propriétaire absolu du monde", a-t-il ajouté. "Quand les hommes se proclament propriétaires absolus d'eux-mêmes et uniques maîtres de la création, (...) s'étendent l'arbitraire du pouvoir, les intérêts égoïstes, l'injustice et l'exploitation, la violence dans toutes ses expressions." Comment fonder alors "une société où règnent la liberté, la justice et la paix ?", s'est-il interrogé.

Dans un autre message diffusé en vue des 26es journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Madrid en août 2011, Benoît XVI a fustigé "un fort courant laïciste" et soutenu l'idée selon laquelle "un monde sans Dieu est un enfer". "Il y a un fort courant laïciste qui veut supprimer Dieu de la vie des personnes et de la société, projetant et tentant de créer un paradis sans lui", affirme le souverain pontife dans un communiqué du Vatican. Le pape exhorte par ailleurs l'Europe à retrouver ses racines chrétiennes". "La culture actuelle, dans certaines régions du monde, surtout en Occident, tend à exclure Dieu ou à considérer la foi comme un fait privé, sans aucune pertinence pour la vie sociale", martèle ainsi Benoît XVI, dénonçant une "sorte d'éclipse de Dieu, une certaine amnésie, voire un réel refus du christianisme", couplé à un "risque de perdre sa propre identité profonde".

Alors que "toutes les valeurs qui fondent la société proviennent de l'Evangile, comme le sens de la dignité de la personne, de la solidarité, du travail et de la famille". "L'expérience enseigne qu'un monde sans Dieu est un enfer où prévalent les égoïsmes, les divisions dans les familles, la haine entre les personnes et les peuples, le manque d'amour, de joie et d'espérance", ajoute-t-il.

Il regrette d'ailleurs qu'il y ait "des chrétiens qui se laissent séduire par le mode de penser laïciste" ou qui "ont simplement laissé refroidir leur foi dans le Christ, ce qui a d'inévitables conséquences négatives sur le plan moral".

Le pape critique aussi "le relativisme ambiant, qui consiste à dire que tout se vaut et qu'il n'y a aucune vérité ni aucun repère absolu", estimant qu'il engendre "instabilité, déception (et) conformisme aux modes du moment".



Une société sans Dieu s’autodétruirait, affirme le card. Ratzinger (19 novembre 2004)

Une société sans Dieu s’autodétruirait, affirme le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans un entretien publié dans le quotidien italien "La Repubblica".

Selon le cardinal bavarois, on note actuellement "une agressivité idéologique séculière assez préoccupante. En Suède par exemple, un Pasteur qui avait prêché sur l'homosexualité en se servant d'un extrait de l'Ecriture a été incarcéré pendant un mois. La laïcité n'est plus un facteur de neutralité garantissant la liberté générale, et elle est en train de devenir une idéologie. Elle s'impose par le biais de la loi et interdit l'expression publique du point de vue catholique et chrétien. Ce point de vue, qui risque de devenir strictement privé, va vers la mutilation. Il y a donc un conflit et nous devons défendre la liberté religieuse face à l'imposition d'une idéologie qui se présente comme l'unique voie rationnelle, alors qu'elle n'est que l'expression d'un certain rationalisme".

"La juste laïcité est la liberté de religion, rappelle le cardinal Ratzinger. L'état ne peut imposer une religion mais doit offrir un espace aux religions en rapport avec leur responsabilité envers la société, c'est-à-dire permettre aux religions d'être des facteurs constitutifs de la vie sociale".

Le cardinal Ratzinger explique que l'essence profonde du christianisme "est une histoire d'amour entre Dieu et les hommes". Il ajoute : "Si l'on comprend cela tout le reste suivra".

Or, actuellement, fait remarquer le cardinal Ratzinger, la place de Dieu dans notre société est "très marginalisée".

Il précise : "Dans la vie politique, il est presque indécent de parler de Dieu, comme s'il s'agissait d'une atteinte à la liberté des non-croyants. Le monde politique a ses lois et ses voies propres, mais il exclut Dieu comme s'il n'appartenait pas à ce monde. Il en va de même en économie, mais aussi dans la vie privée, où il demeure en marge".

Inversement, continue le cardinal Ratzinger, "j'estime nécessaire de comprendre à nouveau -et c'est tout à fait possible - que la politique comme l'économie ont besoin de responsabilité morale, d'un sens de la responsabilité qui vient du cœur de l'homme et qui en fin de compte est liée à la présence ou à l'absence de Dieu".

Il avertit : "Une société dans laquelle Dieu serait totalement absent s'autodétruirait. Nous en avons eu l'illustration avec les régimes totalitaires du siècle dernier".

A propos de l’enseignement en matière de morale sexuelle et familiale, et du fossé qui s’est creusé entre l'enseignement de l'Eglise et le comportement des fidèles, le cardinal déclare : "Il est évident que nous devons continuer à réfléchir. Au début même de son pontificat, Jean-Paul II a donné une nouvelle approche anthropologique et personnaliste à cette question, en développant une vision très nouvelle du rapport entre le "je" et le "tu" de l'homme et de la femme. Certes, la contraception a provoqué une très ample révolution anthropologique, qui n'a pas été comme on pouvait le croire une aide aux situations délicates mais a changé la vision même de la sexualité, de l'être humain et de son corps. La sexualité a ainsi été détachée de la fécondité, ce qui a changé radicalement le concept de la vie humaine. L'acte sexuel a perdu son intentionnalité et sa finalité, qui avaient jusqu'ici été évidentes et déterminantes. Tous les comportements sexuels sont devenus équivalents les uns des autres et ce qui découle principalement de cette révolution c'est l'équivalence entre homosexualité et hétérosexualité (ndlr. Idéologie prônée y compris par des institutions catholiques...). Paul VI a donc eu raison de poser un problème d'une telle ampleur".

Face au phénomène de l’homosexualité, le cardinal Ratzinger déclare : "D'abord, l’Eglise doit avoir un grand respect pour ces personnes qui souffrent et qui désirent trouver un mode de vie correct. Mais en venir à créer une formule juridique fixant une sorte de mariage homosexuel ne les aidera aucunement".

A propos du choix espagnol (ndlr. et aujourd’hui de la France), le cardinal déplore : "il détruit la famille et la société". Et de préciser : "Le droit crée la morale car le commun pense que ce que dit la loi est moralement licite. Si au plan juridique une telle union ressemblerait au mariage, nous aurions toutefois une société ne reconnaissant plus ni la spécificité ni le caractère fondamental de la famille, le fait même que l'homme et la femme ont un devoir de continuité envers l'humanité, et pas simplement biologique. C'est pourquoi le choix espagnol ne rend pas un véritable service aux homosexuels, car on détruit par-là les éléments fondamentaux de l'ordre".


Répondant à une question sur la possibilité d'admettre un pacte de solidarité entre deux personnes, y compris entre deux homosexuels, qui soit reconnu et défendu par la loi, le cardinal répond : "Que le législateur le veuille ou non, une telle institutionnalisation semblerait aux yeux de l'opinion publique une sorte de mariage alternatif, d'où une relativisation inévitable du mariage. Il ne faut pas oublier qu'avec les choix vers lesquels l'Europe s'engage on court à la décadence. Nous nous détachons ainsi de toutes les autres grandes cultures, qui ont toujours reconnu la signification de la sexualité selon laquelle l'homme et la femme sont créés pour garantir ensemble l'avenir de l'humanité. Or, il s'agit d'une garantie qui n'est pas que physique, mais aussi morale".